Waouw !!! Anaa ? C'est où ça ? Ben oui, même ici en Polynésie y a pas grand monde qui connait ce petit atoll des Tuamotu... Et pourtant ce n'est pas un si petit atoll que ça puisqu'il est le troisième en taille après Rangiroa et Fakarava. Oui mais voilà, un seul vol par semaine pour y aller ça favorise pas la venue de touristes, même pour les Polynésiens !
Et pourtant il s'agit de l'atoll le plus proche de Tahiti à vol d'oiseau. Une perle dans le Pacifique Sud et connu pour ses nuages verts à cause des reflets du lagon sur les nuages. Une originalité qu'on ne retrouve qu'à Anaa parait-il !
On est à peine revenus, Manu et moi, de notre week-end à Bora qu'on reprend l'avion direction les Tuam's. On part à 5h du matin avec Stomy, notre pote pompier qui est originaire de là-bas mais qui a perdu une bonne partie de ses reflexes paumotu comme nous aurons l'occasion de le voir par la suite. "Paumotu raté" est donc l'insulte suprême pour un des autochtones des Tuam's qui vit désormais sur Tah
iti.
Après une heure et quart de vol, on arrive sur la minuscule piste d'aterrissage d'Anaa, perdue entre l'océan d'un côté et les palmiers de l'autre. A l'arrivée, traditionnelle couronne de fleurs dès notre descente de l'avion et Madame le maire d'Anaa, Tavana Bernice, se propose de nous accueillir chez elle et ne comprend pas réellement le motif de notre venue ici.
C'est pourtant simple : on veut faire le tour de l'île à pied. Je ne vois pas où est le problème mais apparemment tout le monde ici à l'air de se poser la question : "mais pourquoi ils font le tour d'Anaa à pied ?"
Un peu de géographie avant de commencer. Anaa est un des 78 atolls qui composent les Tuamotu. Elle est située à environ 400 kilomètres à l'est de Tahiti et forme un anneau corallien qui atteint 29,5 kilomètres dans sa plus grande longueur et 6.5 kilomètres dans sa plus grande largeur. Son lagon ne dépasse pas 12 mètres de profondeur et n'est pas relié à l'océan par une véritable passe. La communication avec l'océan se fait pas l'intermédiaire de petits chenaux peu profonds, les hoa, qui permettent quelques échanges d'eau et de poissons. Ainsi, le lagon est chaud, avec de la vie mais quand même pas des masses (on y trouve quand même quelques nurseries de bébés requins) et surtout une déclinaison de bleus, verts, turquoises, formant un camaieu magnifique.
La population est de l'ordre de 460 habitants qui vivent essentiellement de la pêche et du coprah. Activités pacifiques s'il en est sachant que les guerriers d'Anaa étaient à l'époque les plus redoutés du Pacifique et avaient colonisés toutes les îles environnant Anaa et portaient même la guerre jusqu'à Tahiti où ils se rendaient à bord de leur pirogues de guerre après avoir ramé plus de 400 bornes. Ils étaient surnommés les parata du nom tahitien du requin à pointes blanches du large, un dangereux prédateur. C'est dire !!!
Ces 460 habitants vivent désormais au village de Tukuhora bien qu'on trouve encore les vestiges de 5 autres villages le long de l'île et qui ont été désertés après le tsunami de 1906 : Temarie, Otepipi, Putuahara, Tematahoa et Tekahora. Seules des ruines restent de ces villages hors les cimetières et églises qui continuent à être entretenus par quelques habitants et copraculteurs qui vivent quelques semaines sur les motu le temps de couper leur coprah.
Et tout d'abord on va faire connaissance avec Pai, l'homme des cavernes d'Anaa, un vrai paumotu sans qui l'expédition aurait été un peu plus difficile !!! Pai vit ici et connait toutes les techniques de pêche, de chasse et pour trouver à boire, choper des noix de coco sur les arbres, ... Très gentil garçon, il s'exprime parfois par des gloussements et des mots un peu bizarres qu'on aura un peu de mal à comprendre au début mais même Manu arrivera au bout d'un moment à comprendre le paumotu.
Arrivés sur Anaa lundi matin, on profite de cette première journée pour faire le tour (rapide) du village et visiter les environs. Un petit saut pour aller voir la grotte d'eau saumâtre sise près de l'aéroport et d'ores et déjà on entraîne nos organismes parés pour cette aventure kolantesque ! On rencontre l'infirmier d'Anaa qui est ici en poste depuis 12 ans et qui a vraiment un rôle de médecin généraliste puisqu'il fait a peu près tout, de la prise de sang à l'extraction de harpon planté dans le pied avec exploration de la plaie... Une petite journée sympathique qui va se terminer par une petite bière apéritive chez notre infirmier puis le ma'a chez tavana Bernice avant d'aller se coucher. Oui, on se lève à quatre heures demain matin !!! Nos sacs sont déjà prêts : casquette, crème solaire, palmes-masque-tuba, tapis de sol, bâche, coupe-coupe, harpon, quelques linges de rechange et appareils photo en tout genre. En tout et pour tout une petite quinzaine de kilos et c'est déjà pas mal... et pour les pieds, on n'a rien trouvé de mieux que les méduses avec chaussettes puisqu'on va passer au moins la moitié du parcours dans l'eau et on va pas s'amuser à enlever et remettre des baskets toutes les 5 minutes !!! Et la bouffe ? Ben y a les harpons et les hameçons pourquoi ? Et pour boire ? Ben y a les cocos pourquoi ?