J1 : Il est pas encore 4h quand on entend Pai qui nous appelle dehors. Pas un bruit dans le village, juste quelques chiens qui hurlent quand on passe devant la cloture de leur maison. Une petite photo avant le départ pour voir nos têtes avant et après et on quitte le village en pleine nuit. Il est 4h15, il ne fait pas froid, il fait bon même. A peine sortis du village et nous voici arrivés sur la plage séparée du motu suivant par un hoa assez large et hop, nous voici pour la première fois les pieds dans l'eau.
On marche sur des petits bouts de corail, entre les algues. C'est un peu casse-gueule mais ça a l'air d'aller, tout le monde est content. A cette heure là (il est pas encore 5h) le soleil commence à pointer le bout de ses rayons et il y a déjà beaucoup de vie dans le hoa : Pai nous montre une pieuvre, s'amuse avec un poisson-ballon et jette des caillasses sur une pauvre murène qui passait innocemment par là !!!
Sur les coups de 9h, alors que le soleil tape déjà très fort et que nos estomacs crient famine, nous nous arrêtons pour pêcher dans un parc à poissons qui traîne dans le coin mais pas de bol, il est vide. On va donc devoir pêcher par nos propres moyens à la ligne pendant que la pluie se met à tomber (plus de 2 mois qu'il n'a pas plu ici et les citernes du village sont presque vides mais voilà, nous, ça ne nous arrange pas !). On tente donc d'attrapper notre ptit déj pendant que Manu s'escrime à faire du feu avec quelques morceaux de bois trempés et tout ça sous l'attaque des moustiques qui se régalent de sa petite peau bien tendre de popa'a fraîchement débarqué !!!
Après une bonne heure à tremper dans l'eau ou à faire un feu de bois vert, on se dit que finalement on mangera un peu plus tard et que ce serait pas mal d'en profiter pour aller visiter le village abandonné de Temarie qui trône en plein milieu d'une forêt qui a repris ses droits et où les cocotiers poussent au milieu des anciennes maisons. Seule l'église est encore intacte et entretenue et c'est éblouissant de voir un si beau bâtiment complètement cerné par la forêt, seulement protégé par une légion de moustiques qui ne font pas de quartier aux si jolis réservoirs sanguins que nous sommes.
Nous reprenons notre marche vers le lagon, tous contents d'échapper à ces suceurs de sang ; la pluie a cessé de tomber. On traverse le lagon au niveau d'un récif intérieur (il n'y a qu'à Anaa qu'on trouve cette particularité qui forme 2 lagons internes : Ganaa Takutua et Ganaa Takuaro). Cette fois le soleil est au zénith, notre ombre est plus que minsuscule voire inexistante, la casquette et les lunettes de soleil sont indispensables. On meurt de soif mais heureusement Pai est là pour nous dégotter quelques cocos hors de portée de main. On étale couche de crème solaire sur couche de crème, la peau nous colle et les pieds commencent à nous faire souffrir. L'intérieur des cuisses est sollicité aussi par les bains prolongés dans l'eau de mer et les frottements : ça chauffe sévère !!! Manu et mois sommes pas les plus douillets et les plus atteints puisque même Pai, pourtant habitué à ces conditions, nous faire part de ses griefs : mauiui te tapa ou "mon entre-jambe me fait terriblement souffrir".
Notre journée de marche se terminera vers les 14 heures au village d'Otepipi où l'église et le cimetière sont encore une fois les seuls témoins debouts et intacts d'une présence antérieure. Un copraculteur habite ici avec sa femme et nous fera quelques boulettes de ipo à manger (farine et lait de coco bouillis) pendant que nous allons pêcher. Pai et moi ramènerons quelques poissons, Stomy essaye le poisson-pierre (enfin, surtout la pierre...). Chaque pas de cette fin de journée est compté : mal aux pieds et mauiui te tapa pour nous 4 !!! Après manger, on prépare notre lit (une bâche en plastique et un petit tapis de sol pour moi avec mon drapeau breton en guise de drap), pas de douche car pas d'eau douce dans le coin, pas de brossage de dents car idem. A 17h30, les yeux se ferment tout seul, il va de toute façon bientôt faire nuit. Je vais me réveiller plusieurs fois parce qu'il fait (relativement) froid et mon gwenn ah du n'est pas doublé en flanelle et c'est surtout un festival de moustiques sur cette putain de plage : je les entends me voleter dans les oreilles toute la nuit et j'ai le malheur de ne pas avoir de vêtements longs comme les autres... Seule consolation, le ciel étoilé que j'aurai eu le loisir d'admirer à plusieurs reprises lors de cette nuit agitée !!!
J2 : Putain quelle nuit de merde entre les moustiques, le "froid" et la rosée du matin... on est réveillé avant 4 heures alors on se lève et on part direct avant que le jour ne se lève comme ça ça sera toujours autant de marche de gagnée sans soleil. Le mal de pied se réveille presque instantanément dès les premiers mètres et le mauiui te tapa se manifestera aussi rapidement, dès la première marche dans l'eau en fait. Mais pour l'instant nous voilà marchant de nuit à la lueur des lampes torches écrasant les milliers de tupa (crabes de terre) qui traversent notre chemin, et il y en a un paquet de ces crabes avec d'énormes pinces. J'aurai même le plaisir de faire une reprise de volée avec l'un d'eux qui terminera sa course en s'écrasant sur le mollet de Pai (et ça pue grave quand ils éclatent !!!).
Le soleil va se lever très vite : les premiers rayons dardent avant 5 heures du matin et dès 6h ça tape déjà fort à tel point qu'on remet une énième couche de crème solaire sur les quelques couches qu'on a encore d'hier. Quelle sensation agréable que de sentir sa peau devenir un superbe sandwich alternant des couches de crème solaire, des couches de produits antimoustiques, la sueur, la crasse, le sel, ... une peau lisse au toucher parce que nous le valons bien !!! Les coups de soleil sur les jambes qu'on a attrappés hier se font sentir quand on traverse des nappes d'eau profondes d'une vingtaine de centimètres où l'eau atteint plus de 35°C !!!
En milieu de matinée nous apercevons enfin notre objectif du jour : il se manifeste sous la forme de sommets de cocotiers qu'on distingue au loin et émergeant à peine de la ligne d'horizon... Je pense qu'on va encore en chier aujourd'hui surtout que le soleil est vraiment fort aujourd'hui, pas un nuage et pas un pet de vent ! On traverse quelques hoa assez profonds nous obligeant à mettre nos sacs à dos sur la tête pour ne pas les mouiller. Notre entre-jambe est tellement irrité par ces frottements incessants sur des cristaux de sel que quelques uns d'entre nous décident pendant quelques minutes de marcher les fesses à l'air (pas trop longtemps quand même parce qu'un coup de soleil sur le ohure ça ne fait pas de bien...).
Vers 11h on s'arrête à l'ombre d'un cocotier pour manger : Manu et moi faisons le feu pendant que Pai et Stomy pêchent et on fera un joli barbec' sur la plage en faisant griller les poissons sur des pierres plates de corail avec quelques cocos pour faire descendre tout ça. On continue notre route, s'arrêtant souvent en chemin pour arracher quelques cocos à d'innocents cocotiers qui passaient par là ; Manu devient même un virtuose de l'ouverture de cocos au coupe-coupe (moins de 5 minutes). On doit certainement se poser la question de pourquoi on est venu marcher ici sous le soleil, sur du corail tranchant avec des chaussures de merde avec des moustiques en pagaille mais bon, personne ne dit rien et met un pied devant l'autre, attendant la délivrance du jour qui se rapproche petit à petit. Encore quelques pauses et cocos plus tard, Manu plante une coco germée qui deviendra certainement un jour un grand et beau cocotier qu'on s'est juré de revenir voir dans 10 ans.
Après encore quelques kilomètres à douiller sans se plaindre, les dernières bornes sont difficiles puisqu'on alterne eau puis sable et coquillages puis eau et sable et coquillages puis eau puis ... Enfin, les derniers mètres nous amènent à destination devant une petite bicoque sans prétention d'un copraculteur qui est ici avec sa femme et sa petite fille. Ils sont contents de voir du monde ça va de soi mais en attendant, à peine arrivés, il faut qu'on aille jusqu'au récif chercher le repas du soir et se taper encore un bon kilomètre alors qu'on a les pieds en sang. On est 3 pêcheurs aujourd'hui puisque notre ami copraculteur nous prête 2 fusils donc c'est autant de gagner pour le ma'a de ce soir. Oui mais voilà, Pai a mauiui te tapa alors il ne veut plus se mouiller et seuls moi, Manu et Stomy irons mettre quelques poissons sur nos flèches. Le coin choisi est plutôt poissonneux, tant mieux, mais Manu devait avoir un fusil qui ne tirait pas droit (kai matangi aurait dit Pai c'est à dire "mange du vent"), Stomy s'en est mieux sorti qu'hier mais a du harponner plus de pierres que de poissons (3 poiscailles versus flèche tordue sur les cailloux) et je ramènerai le reste qui servira pour notre repas et celui de nos hôtes.
Nous aurons de la chance ce soir puisqu'un dernier bidon contient encore de l'eau de pluie avec laquelle on pourra se laver un peu la tête et se désaler les tapa (sauf que j'aurai eu le fond de la barique et toute la merde, merci les gars !). Encore une chance pour ce soir : notre hôte veut faire plaisir aux farani que nous sommes Manu et moi et ouvre un cubi de rouge qu'on va liquider au cours du repas où le poisson contenta l'estomac de tout le monde accompagné de riz et de ce fabuleux rouge. Encore une chance pour ce soir et non des moindres : il n'y a pas un seul moustique ni nono dans le coin !!! Une nuit fabuleuse nous attend !!! Et pour finir la journée et sûrement une question qu'on est en droit de se poser : comment on fait caca quand on est en vadrouille comme ça ? Ben, ce qui vient de la terre retourne à la terre (ou dans la mer) alors le plus simple est quand même d'aller faire son étron dans le lagon quand il fait noir en évitant de marcher dessus ou de se faire béquetter le rollmops par une murène... Manu est quant à lui à J4 de constipation malgré toutes les cocos qu'on s'est enfilées depuis 2 jours, je ne comprends pas !!!
J3 : Que la nuit fut douce, calme et sereine ! Stomy avait prédit pour cette nuit qu'il allait flotter et il faut le croire parce qu'il est d'ici... On décide quand même, Manu et moi, de dormir sur la plage vu la couverture étoilée qu'il y a encore ce soir et on aura bien fait de ne pas écouter le lascar !!! Pas un moustique pour venir nous emmerder pendant cette nuit : magique ! A tel point qu'on aura beaucoup de mal pour se lever et que c'est sur les coups de 5h qu'on daignera ouvrir nos petits yeux au soleil qui pointe le bout de son nez. Seul hic de la nuit c'est le sable dont je me suis recouvert en me tournant et me retournant et c'est quand même pas super agréable de sentir les grains de sable qui grattent les discrets coups de soleil que nous avons. Il reste encore du poisson d'hier soir pour le ptit déj' (merci aux pêcheurs) et notre hôte ouvre même une boite de punu puatoro que nous appellons "singe" ou corned beef dans nos contrées avec un peu de mayonnaise. Quel frugal repas avant de partir...
Oui mais voilà, avec tout ça il est 6h passées et il commence à faire bien chaud ! Et notre merveilleux hôte nous dit qu'il va faire son coprah à l'ancien village de Tematahoa qui est à quelques kilomètres d'ici et qu'il nous montrera sur place une des plus fameuses grottes d'Anaa. On n'accepte pas de se faire déposer en bateau (on a dit qu'on ferait le tour à pied du début à la fin) mais on accepte qu'il prenne nos énormes sacs qui commencent à peser lourds sur nos dos fatigués (surtout celui de Manu qui tolère de temps à autres qu'on le soulage avec une ceinture lombaire). On part donc beaucoup plus légers sans nos sacs et c'est un vrai bonheur même si les douleurs aux pieds réapparaissent dès les premiers mètres de marche. Cette fois on fait tout pour éviter de se mouiller au dessus des genoux histoire d'épargner notre entre-cuisse mais c'est pas gagné puisqu'au bout de 5 minutes on a déjà de l'eau jusqu'à la ceinture (voire jusqu'au cou pour Pai qui a fait un détour pour épargner ses tapa qui ont l'air de bien lui en faire baver). Sans les sacs on se permet mêmes quelques fantaisies du genre d'essayer d'attrapper des bébés requins à mains nus mais ces bestioles sont quand même très vives et ne se sont pas laissées attrapper du tout !!!
Après deux bonnes heures de marche on arrive à Tematahoa qui, comme les autres villages, est semé de ruines mais en grand nombre puisqu'il s'agissait du village le plus peuplé d'Anaa à la grande époque. De nombreux vestiges témoignent de ce peuplement avec même des maisons à étage, des puits, d'énormes tranchées pour protéger les cultures du vent et du soleil, ... Encore une fois l'église est splendide, rénovée depuis peu et le cimetière abrite un hôte de marque de la famille royale des Pomare. On rejoint enfin Tatare, notre copraculteur qui nous amène dans la cocoteraie où il travaille et où sa femme creuse le sol pour chercher de petits coquillages dont elle fera des couronnes une fois nettoyés. Tatare nous mène enfin à la grotte cachée dans la brousse et dont l'entrée n'est qu'un étroit boyau dans lequel il faut ramper et se contorsionner pour descendre quelques mètres plus bas et atteindre enfin une minuscule chambre perchée au dessus d'un mini lac souterrain de quelques mètres de fond et constitué d'eau saumâtre et fraîche qui nous fait du bien tellement le soleil et les moustiques nous ont agressé à ce moment de la matinée !!! J'essaye d'atteindre le fond du trou mais pas possible et faut dire que dans le noir c'est quand même un peu flippant.
On quitte enfin Tatare pour remettre nos sacs sur les épaules et continuer notre route. Ici on est à l'extrême pointe d'Anaa ce qui signifie qu'on va maintenant retourner du même côté que Tukuhora, notre point de départ. Ca ne signifie pourtant pas que c'est terminé puisqu'il nous reste encore au moins une trentaine de bornes ! C'est quand même plutôt sympa d'imaginer que chaque pas nous rapproche un peu plus du village. De ce côté ci de l'atoll, il y a moins de hoa du coup on traînera moins dans l'eau (ou en tout cas juste les pieds) ce qui épargnera un peu nos tapa qu'on graisse maintenant au mono'i pour qu'il y ait le moins de frottement possible... Je mentirai en disant qu'aucun d'entre nous ne s'est demandé pourquoi on a tenté cette aventure et pourquoi se faire aussi mal ! L'idée vient de moi bien évidemment ou plutôt d'un bouquin que j'avais lu il y a quelques temps : c'était l'histoire d'un mec qui avait tenté le tour de Rangiroa à pied (mais avec l'assistance médicale n'était jamais loin et il était ravitaillé tous les jours en flotte et bouffe. Nous, on était un peu moins assistés (pas du tout en fait mais on a découvert que le portable captait et on a pu passer quelques coups de fil et donner de nos nouvelles, ah la technologie !!!). Et pour cette avant-dernière journée on en chie tellement qu'on ne va pas faire la moitié de ce qu'il reste de chemin et qu'on s'arrêtera pêcher au beau milieu d'un hoa. Et ça tombe bien parce que sur notre lieu de repos trône une petite cabane avec un vrai plancher qui nous accueillera ce soir (pas cons les mecs parce qu'au milieu du chenal y a pas de moustiques !!!).
Pai fait encore sa tafiole et ne veut plus faire le moindre pas ni aller pêcher. Je reste de même bien à l'ombre de la cabane à me masser mes petits petons tout endoloris. Manu et Stomy vont pêcher en plein canyard et il va falloir compter sur la dextérité de Stomy cette fois puisque les vrais pêcheurs sont de repos !!! D'après Manu qui le tenait par le pied pour l'empêcher d'être entraîné vers l'océan, il a du tirer une cinquantaine de fois pour nous ramener 4 poissons. On va quand même devoir faire avec vu qu'on est tous crevés et on va vite les faire cuire et les dévorer avant de préparer notre petit lit douillet : à 4 sur le plancher de 3 mètres de large sous un toit de paille que demande le peuple ? Un vrai bonheur sans moustiques et en plus aucun des poissons qu'on a mangé n'avait la ciguatera alors tant mieux. Dodo vers 18h quelques minutes avant que le soleil se couche. J5 pour Manu, j'espère qu'il n'est pas en occlusion...
J4 : Une superbe nuit sans moustiques, sans vent et sans grain de sable ! Lever avant l'aurore (on aura quand même dormi 8 heures) et la petite journée d'hier fait que nos petits pieds supporteront encore une dernière journée de marche. Pas de petit déj ce matin (les 4 poissons d'hier soir ont été liquidés et on en aurait bien mangé quelques autres encore...), on file direct direction le village et pour une fois on marchera côté récif, directement face à l'océan sur lequel se lève le soleil pour cette magnifique dernière journée. On aperçoit au loin (vraiment très loin) quelques lumières de Tukuhora où nous seront normalement en début de journée. A vrai dire on ne sait pas combien de temps de marche il nous reste ni combien de bornes nous séparent du village : impossible d'obtenir une réponse claire de Pai ou de Stomy qui pensent qu'on sera arrivé vers midi mais que ce n'est plus loin (il est pas 5h et midi c'est dans 7h alors ça fait quand même un bout de chamin tout ça...). Bon, de toute façon il faut qu'on avance coûte que coûte alors y a qu'à, il faut avancer.
Après avoir traversé le hoa sur de belles pierres branlantes ou coupantes qui nous explosent encore un peu plus les panards on avance sur le récif que les vagues recouvrent par moment. Au bout d'une bonne heure on rencontre 2 jeunes pêcheurs qui vont nous inviter dans leur petite bicoque et nous filer quelques poissons qu'ils ont pêchés dans la nuit et qu'on s'empressera de faire griller pour un ptit déj commun. Quelle gentillesse chez ces paumotu !!! Le ventre plein, on continuera d'avancer, un coup les pieds dans l'eau, un coup sur la plage, un coup sur l'intérieur des motu débarrassés de végétation puis de nouveau les pieds dans l'eau, ... Les cocos vont encore prendre un sale coup et on prélèvera notre ration journalière avec de plus en plus de dextérité : Manu ouvre désormais les cocos en moins d'une minute (quel progrès !). Plus on avance et plus le chemin devient bien tracé, on voit même parfois de vieilles traces de pneus de 4x4 jusqu'au moment où on mettra le pied sur un vrai chemin bien balisé qui constitue le début de la route qui mène au village.
On l'a attendu ce moment, avec impatience même, mais c'est dans la douleur qu'on va reprendre contact avec la civilisation et que nos pieds chaussés de méduses redécouvriront le sol dur. C'est probablement à ce moment là qu'on douillera le plus et qu'on sera le plus pressé d'arriver. Chaque pas est un supplice mais personne ne bronche, c'est pas le moment de craquer ! Et en plus il n'y a plus un seul cocotier accessible alors on terminera vraiment à l'arrache en crevant de soif et les pieds défoncés. Encore 4 ou 5 kilomètres dans ces conditions avant de poser le pied sur une route cimentée juste devant l'aéroport et quelques 500 mètres nous séparent encore de la mairie. On apprendra par la suite que dans le village, à notre arrivée, les gens se passaient l'info d'oreille à oreille ("radio cocotier" comme on dit ici) : "ça y est, les Ko Lanta sont revenus !!!". Plus que quelques mètres et nous voici de retour au point de départ chez tavana Bernice où on peut enfin enlever nos belles méduses et mettre de jolies chaussures plus confortables du genre savates. Une photo de l'arrivée avec nos beaux habits qui ont bien morflés : trous, crasse, crèmes, terre, écailles de poisson collées, sang et tout plein d'autres merdes qui font qu'ils termineront quasiment tous à la poubelle !!! Et à l'heure où j'écris, je ne me rappelle plus si la première chose qu'on a fait une fois arrivés fut de prendre une douche ou boire une bière !!!